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Forum des enfants citoyens « Le livre en questions » à la bibliothèque municipale de Lyon-Part-Dieu

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Le 28 avril 2022, un groupe d’enfants d’une maison de quartier de la métropole de Lyon s’est rendu à la bibliothèque municipale de Lyon-Part-Dieu pour échanger autour du livre, de la littérature jeunesse et découvrir l’exposition « Sans fin la fête. 1966-1986 les années pop de l’illustration ».

Doit-on tout montrer aux enfants ?

Dans l’amphithéâtre de la bibliothèque municipale, Bernard Noly (Francas du Rhône), animateur du forum, demande aux enfants les activités que l’on peut faire dans ce lieu : « travailler », « emprunter des livres » et « faire des ateliers », proposent les enfants. Il pose ensuite la question : « Est-ce que vous aimez y aller ? ». « Oui car c’est calme et que j’aime bien les livres » dit une petite fille, tandis qu’un autre n’y va pas « car il n’aime pas lire ». Bernard interroge ensuite les enfants sur les éléments qui composent un livre (une couverture, le nom de l’auteur, les illustrations…)

Il profite de cet échange pour montrer des illustrations jeunesse. Celles du livre Et pourquoi ? (2007) de Michel Ven Zeveren. Ce dernier est une version humoristique du conte Le Petit chaperon rouge. Dans cette histoire, le petit chaperon rouge pose beaucoup trop de questions au loup qui, agacé, finit par la manger. Mais à l’intérieur de son ventre, elle continue de parler. Le loup emprunte alors un couteau au chasseur pour se faire hara-kiri et ne plus l’entendre. Bernard s’arrête sur l’illustration du loup qui s’ouvre le ventre et demande aux enfants ce qu’ils ressentent face à ce dessin. Les enfants rient et soulignent que ce n’est pas réaliste : comme l’absence de sang ou d’onomatopées signalant la douleur. Ils expliquent que c’est certainement pour ne pas effrayer les enfants plus jeunes qui liront le livre. Se posent alors les questions : est-ce qu’on peut tout montrer à des enfants ? Qu’est-ce que la littérature jeunesse et a-t-elle toujours existé ?

Les enfants citent plusieurs œuvres, comme Harry Potter. Ils distinguent les livres « pour adultes » sans image. La discussion s’attarde également sur les contes d’Andersen ou de Perrault qui, dans leurs formes originales, sont des histoires qui finissent mal, lues aux enfants pour leur apprendre à bien se comporter. Violaine Kanmacher, responsable du département jeunesse à la bibliothèque, leur apprend qu’il y a toujours eu un contrôle sur les livres jeunesse : ils sont toujours lus et validés avant d’être publiés. Elle leur explique également que la littérature jeunesse n’a pas toujours existée. Elle permet d’apprendre aux enfants et de les avertir des dangers possibles de la vie, comme avec les morales des fables de La Fontaine.

Visite de l’exposition pop-art

Suite à ce premier temps d’échanges, deux ateliers sont proposés : la visite de l’exposition, puis une découverte ludique de l’histoire du livre. Camille Han, bibliothécaire stagiaire et Violaine Kanmacher présentent l’exposition aux enfants.

Ils découvrent que la littérature pour les enfants se développe fortement dans les années 1970, notamment grâce à François Ruy-Vidal, l’éditeur qui a révolutionné le monde de l’illustration. Dans la salle d’exposition, les enfants admirent des visuels hauts en couleur, inspirés des mouvements surréaliste et psychédélique, transgressant les conventions de l’époque. Un espace presse leur permet de découvrir les premiers numéros du magazine Okapi, vu comme provocateur et audacieux, par certains parents de l’époque.

Certaines illustrations dénoncent l’éducation stricte de l’école de ces années-là. « Aujourd’hui, elles sont gentilles les maîtresses » souligne une petite fille. Le groupe se dirige ensuite vers une nouvelle salle où les méthodes d’édition sont présentées, à une époque où le numérique n’existe pas. Les enfants s’étonnent des procédés de l’époque pour créer les magazines, et notamment, la décalcomanie.

À la fin de la visite, ils s’installent dans une petite cabane qui permet d’écouter les contes absurdes d’Eugène Ionesco. Une petite s’étonne que « l’histoire n’ait aucun sens ».

L’histoire du livre en jeu

Virginie De Marco, bibliothécaire en charge de la bibliothèque numérique Numelyo,  anime le second atelier. Elle montre aux enfants différents types de support de l’écriture et remonte jusqu’au moment de l’invention du papier. Elle explique, matière par matière, le procédé de fabrication et présente des échantillons aux enfants. Ils observent, touchent et sentent des parchemins en peaux d’animaux (veau, mouton), du papyrus, du papier réalisé par les premières méthodes de fabrication. Elle présente les différentes métiers qui interviennent dans la fabrication des premiers livres et fait jouer les enfants pour savoir ce qu’ils en ont retenu.

Des retours enthousiastes

Les enfants durant cet après-midi, nous ont évoqué avoir apprécié de voir et pouvoir toucher les différents papiers. Ils ont aussi aimé l’exposition ; certaines illustrations ont retenu leur attention, comme celle d’une « petite fille qui rentre dans la télévision car elle peut changer tout ce qui ne lui plait pas » (NDLR : Les Télémorphoses d’Alala) ainsi que la lecture des contes de Eugène Ionesco dans l’espace cabane. Certains ont apprécié Okapi, peut-être vont-ils devenir lecteurs des éditions actuelles ?

 

Découvrez le programme de l’exposition « Sans fin la fête. 1966-1986 les années pop de l’illustration »

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