Le 28 avril 2022, une vingtaine d’enfants de deux maisons de l’enfance de la ville de Lyon découvre la gigantesque construction en bois du Kraken, figure de la mythologie scandinave, qui entoure les bâtiments des Subs, lieu d’expériences artistiques.
Légendes et créatures mythiques
Avant la découverte de cette installation artistique monumentale, les enfants échangent avec Bernard Noly (Francas du Rhône), animateur du forum. Il sort une petite peluche verte que les enfants identifient comme le monstre du Loch Ness, surnommée Nessie. C’est « un monstre des eaux qui pousse des cris », explique un enfant à ses camarades. Bernard explique que des scientifiques ont sondé les eaux et ils ont prouvé que l’histoire était fausse. Toutefois, la légende a perduré, attirant des milliers de touristes. Il demande si les enfants en connaissent d’autres. Les réponses fusent : « le loup-garou », « le yéti », « le cyclope », « l’homme-bouc », « le cerbère », « le kraken »… Certains personnages de films sont également cités car ils incarnent des légendes : « Dracula » pour le vampire, « King-Kong », « Godzilla », « Hulk »…
Après cette profusion de réponses, Bernard interroge alors les enfants sur la raison de l’invention des légendes. « Pour faire peur ? », tente un enfant, « Pour avoir peur, mais on sait que ce n’est pas vrai » renchérit un autre, se voulant rassurant. Les légendes permettent donc de développer l’imaginaire mais aussi de « s’évader » quand on est enfermé chez soi, comme pendant le confinement. L’animateur des Francas du Rhône continue d’interroger sur ce qu’ils ressentent quand ils lisent un livre ou quand ils regardent un film et que cela fait peur. « Dans les livres, ça décrit plus de choses sur les monstres alors que dans un film, ça montre juste » : l’imagination est capable d’inventer de nouvelles caractéristiques ou d’en amplifier tandis que l’image fige une représentation du monstre. « Dans un film, il y a de la musique et des fois, ça fait encore plus peur », souligne un enfant, indiquant ainsi la puissance de la mise en scène. Un autre continue « Quand je regarde un film d’horreur et que je pars dans mon lit, j’imagine des choses et ça me fait peur ». Une petite fille finit par ajouter que ces légendes développent la curiosité car on peut mener des enquêtes pour découvrir si c’est vrai ou faux.
La rencontre avec le Kraken et la visite des Subs
Leila Vitalien, chargée des relations avec les publics des Subs, interroge sur ce lieu. Les enfants n’étaient jamais venus avant et leur seule hypothèse est que c’est un endroit « où on construit des choses ». Elle explique alors que c’est un lieu de création qui accueille des artistes en résidence et où sont produits des spectacles : musique, cirque, danse, théâtre… Elle présente ensuite le kraken et sa légende. Ce serait une « espèce de pieuvre géante » qui « aspire les bateaux et les humains », d’après les enfants. Elle raconte que les scientifiques ont cherché à prouver son existence et ils ont trouvé une pieuvre de quinze mètres de long qu’ils ont appelé pieuvre colossale. Contrairement au kraken, elle habite dans les fonds marins et n’attaquent pas les bateaux. Les enfants et Leila sortent ensuite admirer le gigantesque Kraken, en cours de construction.
La structure dans la cour des Subs fait quinze mètres de haut et vingt-cinq mètres de large. C’est une œuvre éphémère de l’artiste syrien Khaled Alwarea. Les enfants peuvent observer les tentacules qui entourent les colonnes des bâtiments adjacents grâce à sa structure en bois. Une scène de spectacle est construite en-dessous, elle combinera ainsi œuvre d’art et expérience spectatorielle. Leila en profite pour questionner les enfants sur leurs ressentis face à l’œuvre qu’ils trouvent « imposante » et « impressionnante ». Le groupe rencontre ensuite le directeur technique du lieu qui leur explique son métier et la programmation de l’été sous le Kraken. Puis, Leila leur fait visiter l’école des Beaux-Arts avec laquelle ils partagent les locaux. Ils découvrent également le bâtiment de la « boulangerie » qui a beaucoup intrigué. Les hypothèses des enfants sur ce qu’étaient le lieu avant sont nombreuses : « une gare », « une ville », « un marché »… En réalité, c’est une ancienne base militaire qui produisait et fournissait le pain à l’ensemble de l’armée en France. Leila les emmène ensuite voir les résidences d’artistes où ils ont pu découvrir les lieux de vie, comme la cuisine commune.
« C’est impressionnant ! »
Les enfants ont apprécié le lieu, surtout les bâtiments soulignant l’aspect patrimonial et historique des Subs. Concernant le Kraken, ils veulent le montrer à leurs parents et leurs familles « parce que c’est original et que des spectacles vont avoir lieu ». Un garçon en particulier pense amener sa mère afin « qu’elle change d’environnement » et donc qu’elle découvre de nouvelles choses. Les enfants repartent avec deux envies : revenir et raconter l’histoire du kraken à leurs parents.
Découvrir « le Kraken, une œuvre tentaculaire, un programme monstre »