fr

Forum des enfants citoyens « Un stéréotype culturel, c’est quoi ? » au Musée des Confluences

blank

Le mercredi 13 avril, une trentaine d’enfants venus de deux accueils de loisirs de Lyon se sont rendus au Musée des Confluences pour aborder la question des stéréotypes culturels, à l’occasion de l’exposition temporaire « Sur la piste des Sioux ».

Interroger les enfants sur la question des stéréotypes

Les enfants sont accueillis dans un premier temps dans le petit auditorium. Nombreux sont ceux qui disent déjà être venus au Musée des Confluences. Malgré tout, Jessica Palm, chargée de médiation, leur présente le musée. Bernard Noly (Francas du Rhône), animateur du forum, prend ensuite la parole et demande aux enfants : « Que peut-on voir ici ? ». Ils distinguent les expositions permanentes des expositions temporaires. « Nous on va voir celle sur les Sioux » précise un enfant. « Justement : qui sont les Sioux ? ». Les enfants sont invités à faire part de leurs représentations et citent certains de leurs attributs : les flèches, les tipis, les plumes, leur quotidien dans des étendues désertiques…

Bernard introduit alors le thème du forum : « à votre avis, c’est quoi un stéréotype culturel ? ». Les enfants arrivent très bien à le définir : « ce sont des préjugés comme : les garçons sont plus forts que les femmes » ; « ce sont des idées reçues envers certaines personnes, ou certaines cultures ».

D’une culture à l’autre…

Pour poursuivre les échanges, Bernard montre une baguette de pain qu’il a acheté. « Pourquoi je l’ai emmené ? ». Les enfants font le lien avec le sujet. « Dans les autres pays, on croit qu’en France, on mange du pain et on porte des bérets ! ». Ils citent alors d’autres caractéristiques souvent mentionnées : « on mange du fromage, on boit du vin, on aime la gastronomie, on a des mimes, et les hommes ont des moustaches enroulées… ». L’occasion est donnée pour Jessica, d’origine américaine, de confirmer. Les enfants en profitent pour distinguer les Américains et lister certains clichés : ils mangent des burgers, portent des vêtements XXL et font de grosses productions de films à Hollywood. Jessica réagit et indique que cela ne concerne pas tous les Américains.  « Pourquoi on a des clichés sur des peuples ? Et vous, ça vous gêne qu’on décrive les français comme cela ? » enchaine Bernard. Avec l’appui d’une photo présentant un « homme français » (béret sur la tête et baguette sous le bras), les enfants s’expriment. « C’est connu : la baguette est une spécialité. Elle a été créée en France et ça s’est développé dans le monde ». « On ne mange pas tous des baguettes et il y a plein de type de pains ! », « Lui sur la photo, il me fait plutôt penser à un parisien. Mais on n’est pas tous pareil en France ». « C’est dans les boutiques de souvenir qu’on voit des bérets surtout ». « Ceux qui ne connaissent pas la France vont être persuadés qu’on est tous comme ça dans la rue alors que pas du tout ! ».

Une fois ce constat établi, les enfants sont invités à partir en visite – un groupe avec Jessica et l’autre groupe avec Juliette Moniquet, médiatrice culturelle au musée -, et à découvrir si les peuples indiens vivent tous dans des tipis et portent tous des coiffes de plumes, comme ils l’ont évoqué en début de discussion.

L’image des Indiens d’Amérique façonnée par les Sioux

L’exposition invite à suivre le fil de la construction de l’image de l’Indien d’Amérique, façonnée principalement par le peuple Sioux. Les enfants observent des livres, des tableaux du XVIe siècle et des magazines du XIXe. Ils découvrent les récits de voyage rapportés en Europe, de l’arrivée des colons jusqu’aux westerns et romans modernes. Les histoires racontées, qui ne sont qu’une vision restreinte, et qui se propagent et deviennent dans l’imaginaire collectif, celles d’indiens guerriers, féroces, attaquant les colons. Et cette image s’exporte jusque dans la culture populaire : bande-dessinées, jouets, publicités…

Grâce à l’observation d’une carte des États-Unis, les enfants découvrent une multitude de groupes et de noms de tribus inconnues. Ils observent par des photos et des gravures, différents types d’habitats : abris rocheux, maisons construites en bois, villages sédentaires organisées… Les médiatrices leur expliquent également que sur les photos ou sur les tableaux, les Indiens posent et se parent alors de leurs plus beaux costumes de cérémonie – comme on le ferait -, ornés de plumes et de coquillages, qu’ils ne portent pas tous les jours. Ils découvrent plusieurs objets appartenant à un collectionneur belge, qui permettent de mieux comprendre le quotidien des communautés. Ils apprennent que les spectacles du XIXe siècle de Buffalo Bill donnent l’occasion pour les Sioux, vivants désormais dans des réserves, de voyager en Europe et de faire connaître certaines de leurs traditions, alors qu’ils sont réprimés aux États-Unis. Mais triste ironie, ces spectacles continuent de diffuser ces images caricaturées, réductrices et déformées de la réalité.

Pour achever la matinée, les deux groupes se retrouvent dans l’auditorium. Les enfants racontent leur visite et tout ce qu’ils ont appris. « J’ai bien aimé, c’était cultivant ! » affirme un enfant. « En fait, il y avait plus de peuples indiens que je croyais. On se servait d’eux pour faire des pubs, des films en les montrant comme les méchants de l’histoire. » « On les montre toujours pareil : totem, tipi, plumes… ça ne correspond pas à tous les indiens ». « Aujourd’hui, on ne les voit plus comme méchants et agressifs, et ils ne l’étaient sûrement pas en majorité ». Pour conclure, un garçon annonce : « je viendrai avec mon frère, je lui montrerai que nos Playmobil indiens, c’étaient surtout des histoires et pas vraiment la réalité ! ».

 

Related Posts